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chez le n’ai-amphô qu’il faut le conduire, et on lui paie la somme de huit francs pour qu’il ait l’obligeance de mettre l’individu aux fers et de le conduire à la prison. Il est étonnant que dans une ville de quatre cent mille âmes il y ait si peu de troubles et de désordre ; cependant les commissaires de police ne font pas la ronde ; on ne voit pas de patrouilles de soldats ni de satellites rôder en tous sens comme dans les villes européennes. Ce qui retient le peuple Thai dans le devoir, c’est la crainte de l’autorité, et il a bien raison de craindre, car, dans ce pays-là, l’autorité est terrible. Supposez qu’il s’élève quelque trouble dans un quartier de la ville et que la nouvelle en soit portée au palais ; bientôt vous voyez arriver deux ou trois cents satellites armés de bâtons et de sabres, ayant à leur tête un mandarin au regard sévère qui jure, maudit et fait empoigner tout le monde qu’il rencontre sur le lieu du désordre. Il faut voir avec quelle intrépidité ses satellites s’élancent au milieu de la foule, frappent, empoignent et lient les mains de leurs victimes. Tous ceux qui en ont le temps prennent la fuite, en un clin d’œil la place est vide, et le mandarin s’en retourne avec sa prise. On soumet à la flagellation tous ceux qu’on a