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arbres séculaïres et majestueux couvrant de leur vaste ombrage des ruines imposantes, on a le pressentiment que l’on approche de cette fameuse cité, autrefois une des plus opulentes de l’Orient. Aux environs de Juthia le fleuve se divise en quantité de canaux, au point qu’il est facile de s’y égarer. Ce qui était proprement dit la cité est une île de trois lieues de tour, dont la forme ressemble assez à une bourse chinoise. J’ai parcouru en tous sens les vastes ruines qui couvrent la surface de cette île ; les plus remarquables sont celles du palais et des pagodes royales, où sont encore des statues colossales de cinquante à soixante pieds de haut ; l’intérieur de ces statues est en briques et l’extérieur est d’airain d’une épaisseur de deux doigts environ. Selon les annales de Siam, une de ces statues fut fondue avec vingt-cinq mille livres de cuivre, deux mille livres d’argent et quatre cents livres d’or. Les murailles sont toutes bouleversées, et cet immense monceau de ruines est couvert de broussailles impénétrables et ombragé par d’antiques peupliers d’Inde, asile des chats-huants et des vautours. Ces ruines recèlent de grands trésors enfouis lors de la prise de Juthia ; on y fouille continuellement et presque toujours avec succès.