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dans les cent vingt pages in-folio que vient de publier lord Durham. Corruption systématique, péculats honteux, antipathies contre les peuples, exemples révoltans d’irresponsabilité dans les agents du pouvoir, accaparement du domaine public, rien ne manque à ce tableau des misères du Canada, tableau tellement hideux que son pendant ne pourrait être fourni que par l’histoire d’une autre possession anglaise, l’Irlande.

Et pourtant, l’auteur a uniformément adouci ses formules accusatrices contre l’autorité dont il est l’organe, et à laquelle il veut conserver son sceptre de plomb sur les colonies par de si pitoyables moyens, qu’il s’est perdu de réputation comme homme d’état.

Voulant prouver que sa race favorite, la race saxonne, est seule digne du commandement, lord Durham l’a mensongèrement peinte en beau, et il a assombri par les plus noires couleurs le faux portrait qu’il a tracé des Canadiens français. Mais malgré cette avilissante partialité, je renvoie avec confiance les lecteurs équitables à cet étrange rapport, bien convaincu qu’ils en tireront cette conclusion, que les Canadiens n’ont aucune justice à espérer de l’Angleterre ; que pour eux, la soumission serait une flétrissure et un arrêt de mort, l’indépendance, au contraire, un principe de résurrection et de vie. Ce serait plus encore, ce serait une réhabi-