Aller au contenu

Page:Papineau - Histoire de l'insurrection du Canada, L. Duvernay, 1839.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14

litation du nom français terriblement compromis en Amérique par la honte du traité de Paris de 1763, par la proscription en masse de plus de vingt mille Acadiens chassés de leurs foyers, enfin, par le sort de six cent mille Canadiens gouvernés depuis quatre-vingts ans avec une injustice incessante, aujourd’hui décimés, demain condamnés à l’infériorité politique, en haine de leur origine française.

Vrai quand il accuse le pouvoir, faux quand il accuse le peuple, le rapport de lord Durham servira aussi à prouver que l’indépendance du Canada est un événement voulu par l’intérêt de l’ancienne comme de la nouvelle France, et par l’intérêt de l’humanité tout entière. C’est pourquoi je donnerai ici un résumé de ce travail, qu’il est d’ailleurs nécessaire de connaître pour apprécier la moralité des faits que j’ai à raconter.

« Pendant longtemps, dit le Rapport, les Canadiens ont été exclus de toute participation au pouvoir, tous les emplois de confiance et de profit ont été l’apanage exclusif d’étrangers d’origine anglaise.

« Jusqu’à une époque récente, cette exclusion était accompagnée d’une insolence qui blessait encore plus un peuple fier que ne le faisait le monopole de la puissance et de la fortune publique.

« Les deux races furent rendues ennemies irréconciliables avant que l’on consentit à offrir aux Français une tardive réparation ; et même alors, le gouvernement n’appela quelques uns d’eux aux emplois qu’à des conditions plus insultantes pour le peuple que ne l’avait été le système d’exclusion.