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barquement pompeux du vice-roi, et parce qu’il l’avait outragé, Adam Thom était son commensal et son conseiller.

Cet homme, qui n’était qu’un partisan passionné, de talents médiocres, journellement excité par l’abus des liqueurs fortes, quand il traitait de la politique anglaise, devenait un fou furieux, quand il parlait des Canadiens français. Exulté par la soif du sang, sa haine alors ne connaissait pas de bornes. Depuis plusieurs années, des outrages contre la nation tout entière et des provocations réitérées à l’assassinat contre les représentants les plus populaires souillaient chaque jour les pages de son journal : on l’avait vu figurer, comme chef de bande, dans plusieurs émeutes qui, depuis quatre années, avaient éclaté dans Montréal : émeutes dirigées par des magistrats anglais contre les citoyens qui, dans les élections ou dans la Chambre des députés, s’étaient mis en opposition avec le pouvoir exécutif. Ces violences furent-elles jamais réprimées ? En rechercha-t-on une seule fois les auteurs ? Non. Les troupes à la disposition des magistrats ensanglantèrent nos villes ; on violenta le cours de la justice pour interdire aux parents des victimes l’exercice du droit sacré de poursuivre le châtiment du crime devant les tribunaux, et l’on s’empara des procédures pour soustraire, par des procès simulés, les coupables à toute condamnation.