Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/99

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L’ouest de la rue Sainte-Catherine surtout est animé. Devant l’étalage des grands magasins, des femmes nombreuses se pressent pour y voir les expositions.

Des jeunes filles que leurs amis accompagnent rentrent au cinéma malgré la douceur de l’air.

Elles vont chercher pendant une heure, un peu d’illusion, l’oubli de leur existence souvent monotone. Elles vont vivre des aventures amoureuses, étranges, romanesques.

Un cigare aux lèvres, Faubert passe au milieu de cette cohue, curieux, observateur.

C’est une accalmie au milieu du tourbillon de sa vie. Depuis bien longtemps, il n’a pas erré ainsi par les rues, pour le seul plaisir de la promenade, sans autre but que le hasard.

Cet après-midi, il a une mentalité de badaud, et cela l’amuse d’être badaud.

Il a chassé de ses lobes cervicaux tout ce qui fait l’essence même de ses occupations.

Il cesse d’être lui pour devenir le monsieur Tout-le-monde, dont les ambitions, dont les désirs sont quelconques.

Badaud jusqu’au bout, il arrête à tous les attroupements écouter le boniment des camelots, au coin des rues. Marchand de tonique à cheveux, diseur de bonne aventure, il y en a plusieurs et qui répètent du matin à la nuit tombante, la même histoire, inlassablement.

Son calme est plus apparent que réel. Il lui arrive devant les couples assortis qui le frôlent