Aller au contenu

Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’une voix profonde il commence sa harangue, faisant appel à l’union de tous pour le succès d’une même cause. Son débit dès l’abord doucereux, devient de plus en plus violent. En phrases saccadées, il dénonce les industriels et les capitalistes qui s’enrichissent des sueurs de l’ouvrier. Il passe du général au particulier et avec une ardeur satanique, dénonce celui qui les fait vivre aujourd’hui, « ce monsieur Faubert qui demeure à Montréal, bien à son aise, tandis que nous, dans les bois, loin de la civilisation, suons toute la sueur de notre corps pour édifier cette usine qui lui rapportera des millions. Je vous le demande, est-il juste qu’il en soit ainsi. Lui n’a pas de misère, il va tout récolter…

Une interruption : « Il nous paye bien ».

— Il vous paye bien ? Comparez son salaire et le vôtre, son travail et le vôtre. Pendant que vous peinez, exposés au soleil qui brûle ou à la pluie qui transit, lui est à l’abri. Il est temps que l’ouvrier lève la tête et en levant la tête, montre les dents. Nous voulons être augmentés non pas d’une fraction légère, mais de la moitié de ce que nous gagnons. Tout ou rien. Notre augmentation nous l’aurons, sinon la chaussée sautera. Aux grands maux les grands remèdes. Le patron devant cette menace nous accordera ce que nous voulons… et ça ne le mettra pas dans le chemin… »

Et les tirades se suivent imprégnées d’une démagogie la plus exaltée. L’orateur soulève les