Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/141

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— Vous avez fait un bon voyage ?

— Excellent sous tous les rapports.

— Vous n’avez pas rencontré l’oiseau bleu là-bas ? demande Pauline.

— Je l’ai cherché inutilement.

— Croyez-vous qu’il existe ?

— Certainement. Mais il vaut mieux ne pas courir après. Il passe la plupart du temps à portée de la main. On n’a qu’à le saisir. On diffère jusqu’au moment où il est trop tard. Comme le bonheur, il est passager.

— Vous avez entendu, M. Tremblay, dit Germaine. Il passe à portée de la main.

M. Faubert, demande Claire inconsidérément, on m’a toujours dit que vous étiez un ermite ; et que votre plus grande haine était celle de la société.

— Mademoiselle, le diable, sur ses vieux jours, se fit ermite. Je fais le contraire. D’ermite que j’étais, je deviens diable en vieillissant. De fait on m’a surnommé le « diable ». Quand les anglais parlent de moi, ils disent : « The devil ».

— Êtes-vous si dangereux que cela ?

— Je voudrais l’être. Et vous, mademoiselle Dubois, vous vous plaisez ici ? Votre père s’est montré homme de goût en choisissant ce site.

— Je vous remercie du compliment. C’est moi qui ai imposé mon choix.

— Alors… félicitations.

Pendant ce temps, Germaine, au courant des sentiments qu’elle inspire au secrétaire, pour les