Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/143

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le fait de le voir ici, cet après-midi, signifiait une révolution dans ses idées. Elle notait chaque phase de la lutte entre la volonté de Pauline et l’orgueil de Jules.

— Vous nous restez à dîner, M. Faubert ?

— Impossible, nous devons être à la ville ce soir.

— C’est une défaite. Aujourd’hui samedi. Il n’y a rien qui puisse vous y attirer.

Elle insista ; les visiteurs promirent de ne retourner qu’après la veillée.

— Aimez-vous l’eau, M. Tremblay ?

— Je l’adore.

— Claire se brûle d’aller en canot. Elle est trop timide pour vous le demander.

— Vous venez avec nous, Germaine.

— Merci. Je dois une revanche à Jacques, au tennis. Vous pouvez vous dispenser de ma présence.

— Puisqu’il le faut. Venez-vous mademoiselle Claire.

Le canot déchire l’eau calme comme en ferait une étoffe de soie moirée.

Elle lui fait face. Il la regarde de ses bons yeux naïfs. Tous les deux se taisent pendant que sans autre bruit que celui diamantin des gouttelettes tombant de l’aviron, le canot glisse léger, sur la surface bleue.

Les arbres du bord se reflètent, rétrécissant le lit de la rivière.