Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/159

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quand il s’est levé à son tour, ces deux refrains populaires : « Il a gagné ses épaulettes » et « For he is a jolly good fellow ».

Et pourtant !… Oui et pourtant ! Quand il a parlé au milieu du silence, les reporters enregistrant chacune de ses paroles pour les resservir toutes chaudes à leurs lecteurs, il lui a semblé qu’il parlait devant des choses. Tous ces êtres humains qui étaient là, presque à ses pieds, lui étaient indifférents !

Un besoin de sympathie, un tel besoin criant d’amour était en lui, qu’en parlant, ce n’était qu’à Pauline Dubois qu’il s’adressait par delà les reporters.

Maintenant que le but tant rêvé était derrière lui, son esprit de combativité, ce « fighting spirit » qui le brûle, n’a plus aucun aliment !

Il est arrivé… c’est vrai ! A-t-il atteint le bonheur ?

Non ! le bonheur n’est pas où il l’a cru.

Ce soir, il donnerait tout, fortune ! gloire ! honneur ! pour avoir pu associer…


Non ! ce n’est pas vrai ! Il ne l’aime pas ! La fatigue, l’émotion…

La lutte la plus dure est accomplie… elle est terminée, chose du passé. Il n’a plus qu’à conserver ce qu’il a. Il n’a plus à monter. Il est au sommet. Il n’a qu’à s’y maintenir.

Ah ! comme il est seul !