Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/38

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Il savoure les instants de son travail ardu essayant d’en exprimer toute la volupté âcre.

Sur la table une copie de contrat pour des dormants de chemin de fer est étendue. Il la prend, la lit, ferme les yeux pour mieux concentrer sa pensée, en analyser mieux la teneur.

Un plissement des lèvres : l’affaire lui paraît bonne.

Il appuie sur le bouton de la sonnette.

Un sténographe entre.

— Écrivez à l’acheteur du Transcontinental que je suis en mesure de procurer les 100,000 dormants de chemin de fer aux conditions mentionnées dans ma lettre du 18. J’irai le voir prochainement… Appelez le messager du télégraphe.

Il va à la fenêtre et regarde, en bas, sur la chaussée, la foule des hommes d’affaires qui se meut, pressée.

Des autos stationnent un peu partout, placées de biais, le derrière au trottoir. La Place d’Armes est animée ; des avocats qui, seuls, qui avec des clients se rendent au Palais ; des courtiers à la Bourse ou se hâtent vers leurs bureaux. Tous ces gens se croisent, s’entrecroisent et ne s’aperçoivent qu’avec peine. Une pensée les préoccupe, identique : les affaires. Les leurs ou celles des autres.

C’est le cœur financier de Montréal, le centre de ses pulsations… et il est nerveux. Dans cette année 1917 les affaires sont plutôt tranquilles, le marché de la Bourse, incertain. Seules quelques