Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/43

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Représentants d’une partie notable déjà de la génération nouvelle, ils ont, avec l’amour de la race, conscience de leur rôle à jouer.

Ils sont bien les descendants de cette poignée de français qui, dans l’espace relativement court de 150 ans, se sont multipliés, enrichis, cultivés sans rien perdre de leur tempérament, de leur virilité, de leur force vitale.

Jusqu’à ces derniers temps, la plupart des canadiens instruits, pour ne pas dire tous, auraient cru déroger à une loi, non écrite, mais loi peut-être plus rigoureuse à cause de cela, s’ils n’avaient embrassé l’état de prêtrise ou les professions dites libérales. Le commerce, l’industrie, la finance étaient donc entre les mains d’étrangers ou de ceux des nôtres qui n’avaient ni humanités ni instruction. On avait cru les affaires incompatibles avec la culture latine quand l’expérience prouve et le bon sens que plus un homme a de connaissances et plus il est cultivé, plus il a de chances de réussir, connaissant mieux l’âme humaine et ses horizons étant agrandis par les lectures.

Noël se verse une deuxième rasade de vin. Sans être timide de sa nature, il lui répugne d’aborder les questions d’argent et c’est là, précisément, le but de cette entrevue. Il vide son verre lentement, par petites gorgées, cherchant le moyen d’amener la conversation sur le terrain qu’il veut, de l’amener insensiblement, d’une façon pas trop brutale, sans avoir l’air d’y toucher.

— Tes affaires vont bien commence-t-il.