Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/44

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— Oui… pas encore à mon goût.

— Tu estimes tes bénéfices probables… à combien ?

— Une couple de cent mille piastres. Probablement plus.

À l’énoncé d’une somme aussi fabuleuse l’autre ouvre des yeux avides.

— Et ça ne te suffit pas ?

— D’autres se contenteraient de moins. Pas moi. Tout ou rien. C’est toujours embêtant d’être le deuxième à Rome.

Il s’arrête un instant… puis continue comme s’il pensait tout haut.

— Il y en a qui me disent chanceux. Peut-être. Ma chance je la fais. De l’audace, de la volonté, de la méthode, avec cela une bonne santé, il n’y a aucune raison de ne pas devenir millionnaire. Avec quoi ont commencé Rockfeller, Carnégie et la plupart de autres milliardaires… Parce que nous sommes de race latine, ce n’est pas un obstacle à manœuvrer des millions. Consulte le Broadstreet et le Dunn et tu seras étonné du nombre des millionnaires canadiens-français. Remarque que de ces gens, la plupart étaient des illettrés qui tout en faisant leur fortune ont dû se faire eux-mêmes. Tu te souviens du « boum de l’immeuble » ? Quels sont ceux qui en ont le plus profité ? Les nôtres.

— Tout cela est beau. Il n’en reste pas moins vrai que les anglo-saxons sont nos maîtres à l’heure actuelle. Ils contrôlent le commerce, l’industrie et la haute finance.