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VI


Depuis le matin la neige tombe, une neige lente, fine, monotone et grise.

La ville, comme enveloppée de ouate, repose dans un silence morne que troublent par intervalles les sonneries de grelots et le ronflement des moteurs quand les taxis s’aventurent par les rues recouvertes.

Il y a de la tristesse d’épandue, une sorte d’anéantissement des choses qui se communique aux êtres, les ankylosant d’une lassitude déprimante.


Dans le living room de sa demeure, sous la lumière tamisée d’une lampe unique placée derrière le divan où elle est étendue, Pauline Dubois parcourt le journal d’une façon distraite, plutôt pour faire quelque chose que pour le plaisir qu’elle y trouve.

Tantôt elle a essayé de se distraire à la lecture d’un roman.

En vain.

Elle n’a pas trouvé ce qu’elle y cherchait : l’absorption de ses pensées sur un sujet autre que celui qui la fascine.