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Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/58

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Elle lit les titres, machinalement.

Elle est légèrement amaigrie et ne possède plus son air de jeune fille heureuse. Les yeux toujours aussi grands sous les cils longs sont moins vifs, moins rieurs mais sans avoir rien perdu de leur charme. Ils ont quelque chose de plus grave, de plus profond, de plus humain. Ils ont déjà pleuré.

L’insouciance d’autrefois, cette insouciance occasionnée par des causes multiples dont l’une et non la moindre, fut l’absence de toute peine vraiment sérieuse, n’existe plus.

Une chose, une seule existe pour elle. Le revoir et aussi Le ravoir, avoir son amour avec sa confiance, l’amour entier qu’il lui a donné, qu’il lui a retiré. Elle est prête à s’offrir, à offrir épurée par l’attente d’un bonheur problématique son âme et sa pensée.

Cet été à la campagne, la tranquillité latente, épandue partout apportait le calme à ses nerfs et à son esprit.

Mais il a fallu rentrer, regagner la cité de névrose, recommencer cette vie mondaine, autrefois un plaisir, aujourd’hui une corvée. Elle a rencontré beaucoup de jeunes gens. Elle les a comparés. C’étaient des pantins qui l’ennuyaient.

Et le désir qu’elle avait demeura le même, chargé de passion sentimentale.

De songer qu’il vivait dans le même air qu’elle, mais d’une vie différente sans que jamais, par caprice de volonté de sa part, leurs chemins ne se