Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/61

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faisait tout surmonter et il se plaisait à la perspective d’une somme de travail à fournir allant à la limite de ses forces. Pas plus loin. Jamais entamer la réserve.

Ce fut cette raison, qui le décida à s’accorder un sursis.

Il voulait être en possession de tous ses moyens pour continuer son ascension vers les cimes de la puissance.

Le proverbe latin : « Otiare quo melius labores » « repose-toi afin de mieux travailler » est son axiome journalier.

Il lui reste suffisamment à faire pour que son but soit atteint qu’il lui faut conserver intactes et scrupuleusement ses forces physiques et intellectuelles. Jamais il n’attendait d’être terrassé par la fatigue.

Ces mois d’automne, ces mois qui ont suivi le jour où dans son bureau de la rue Saint Jacques, bien seul avec lui-même, il avait fait le projet de dominer la foule des hommes d’affaires montréalais et d’imposer son nom, il les avait vécus fiévreusement.

À ce désir, à cette rage de puissance, de s’élever, bien des causes se rattachaient, causes multiples, obscures qui avaient opéré sans laisser de traces mais profondément comme l’eau, qui, sournoisement, ronge le bord des falaises.

L’orgueil, cet orgueil qui était sien, orgueil unique et démesuré en était une, des moins avouables. D’autres venaient après : la hantise d’être