Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/63

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Sur le lac quelques hommes scient de la glace ; un autre à genoux sur ses larges mitaines pêche à la ligne dans un petit trou qu’il a creusé. Le village est calme ; quelques enfants dans les côtes glissent en ski ; de loin en loin le jappement d’un chien ; une voiture chargée de glace qui passe tirée par deux chevaux dont les naseaux fument.

Faubert revêt son manteau court d’étoffe épaisse et se rend chez le bedeau louer pour la journée son cheval et sa carriole. Il veut profiter de cette température exceptionnelle, se saturer les yeux des beautés de ce pays de montagnes, et emmagasiner, dans ses poumons l’air que douze cents pieds d’altitude a rendu plus pur.

Devant l’hôtellerie du Belmont, une femme se promène sur la vérandah. Les lignes sont élégantes de même que la démarche. Un chandail mauve, une jupe écossaise à carreaux, des bas anglais de grosse laine et une tuque de même couleur que le chandail en composent l’accoutrement. Le chandail serre la taille et moule les formes au galbe harmonieux.

Il est trop loin pour distinguer les traits, mais cette démarche, mais ce port ne lui semblent pas inconnus.

Tout à coup, une pensée comme un éclair… foudroyante, lui traverse le cerveau : Elle… ici…

C’était bien Pauline.

En passant auprès il fait mine de ne la pas connaître.