Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/64

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Elle, feint la surprise :

— Bonjour Monsieur Faubert.

— Bonjour mademoiselle.

Il s’est arrêté et la regarde, à la fois interdit et flatté.

— Depuis quand êtes-vous dans le Nord, demande-t-elle ?

— Depuis trois jours.

— Vous y êtes pour longtemps ?…

— Je ne sais pas… je vais peut-être repartir demain…

Mademoiselle… ajoute-t-il en saluant… je dois rencontrer quelqu’un à l’instant… Et il continue sa route la laissant seule.

Elle le regarde s’éloigner de son pas nerveux et murmure en elle-même : « Jules Faubert ce n’est pas votre dernier mot. »

Cette intrusion dans le village solitaire a gâté le plaisir que se proposait le financier.

Il ne vit rien de la campagne grandiosement belle, dévalant chaque côté du chemin qui mène au lac Charlebois ; il fut insensible aux féeries des jeux de la lumière sur la neige, dans la plaine et les monts. Les vastes étendues que, sur les hauteurs, son regard embrassait, montagnes dentelées, lacs enneigés, perspectives troublantes, rien ne l’émut.

À l’hôtellerie, il soupe maussadement adressant à peine la parole à ses hôtes. Immédiatement, il fait réatteler son cheval et s’en revient au clair de lune, la tête lourde, fumant d’interminables pipes