« À ma nouvelle entreprise maintenant. »
Il sort. En ce jour tiède d’avril, le printemps l’enveloppe de toute part. Tout entier, il s’abandonne au charme du renouveau. Des pensées lui montent à la tête, capiteuses comme un vin vieux et plus grisantes encore.
Il va, nerveux, la démarche saccadée, comme si, à chaque endroit où se pose son pied, il voulait s’emparer du sol.
Sous peu, il touchera le but rêvé.
Rue Saint-François-Xavier à quelques pas de la Bourse est le bureau de Barclay and Sons.
C’est là qu’il se dirige.
— M. Barclay le père.
— Un instant.
Il trompe son attente en suivant les fluctuations du marché sur le tableau noir.
La barbe blanche en queue de poisson de M. Barclay père, apparaît dans l’embrasure de la porte.
— Bonjour M. Faubert. Entrez donc… Les stocks de la North American Pulp sont à la baisse. Je crois que ce serait temps d’acheter.
— Pas encore. Vous avez suivi mes instructions ?
— À la lettre.
— Continuez le même jeu une semaine. La baisse va s’accentuer. Ensuite achetez tout ce que vous pouvez… dans le plus bref délai possible… Ne laissez savoir à personne que c’est pour moi.