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Cela vient de ce que notre formation intellectuelle est fausse ; de ce que nous ne savons pas voir en nous, autour de nous, de ce que nous subissons mal les réactions de l’ambiance.

Cela vient de ce qu’intellectuellement parlant, nous manquons de nationalisme, en un mot, de ce que nous ne sommes pas assez nous-mêmes.

Le nationalisme c’est l’instinct d’immortalité qui s’empare du cœur de l’homme, qui, après avoir fondé la famille, rêve d’une famille plus grande, plus forte, plus indéracinable, chargée d’œuvre par les siècles. Et cet instinct, s’amplifiant, se magnifiant, conduit à l’amour de la patrie poussé jusqu’au paroxysme et qui embrasse dans un rayonnement de fierté et d’orgueil le présent, le passé, l’avenir. Le nationalisme, c’est la tendance d’un peuple à vouloir la grandeur de sa race ; c’est le sentiment inné de la personnalité ethnique et, après la religion, le plus merveilleux excitant des énergies collectives et qui se manifeste dans le domaine intellectuel par une floraison d’œuvres où vibre l’âme nationale. Et c’est aux périodes d’exaltation de la fierté nationale que la production intellectuelle a été le plus abondante.

Rappellerai-je les siècles de Périclès, d’Auguste, d’Elisabeth et de Louis XIV ? Le mouvement romantique de 1830 a été la conséquence de l’épopée impériale et en quelque sorte son prolongement, comme chez nous le mouvement de 1860 est né du regain de patriotisme qu’insuffla la révolution de 37 et en fut lui aussi le prolongement.

Le nationalisme est aux peuples ce que l’orgueil est aux individus. L’orgueil est le sentiment d’une force poussée jusqu’au paroxysme. Il suppose donc une force. Plus l’orgueil sera grand, plus l’individu travaillera à développer cette force, base fondamentale de son orgueil.