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Cette divergence entre notre mentalité et la mentalité de France n’en constitue pas moins cependant un obstacle sérieux au parachèvement de notre culture nationale puisque c’est chez nos cousins de France que nous devons puiser les éléments de cette culture et que nous sommes, par le fait même, portés à regarder les choses de chez nous à travers des souvenirs de nos lectures françaises et de les traiter en imitant trop directement.

Crémazie se désolait en songeant que cette dépendance au point de vue de l’art et de la langue nous rendait la conquête de la gloire impossible.

Impossible n’est pas du vingtième siècle. À qui possède la volonté, il n’y a aucun obstacle infranchissable.

* * *

Les obstacles qui s’opposent à la nationalisation de notre littérature peuvent s’éliminer par une conception plus grande de notre valeur, partant, par un nationalisme plus intense et plus créateur d’énergie.

Nous pouvons et nous devons avoir une littérature qui soit le reflet sincère de l’âme de notre peuple et du visage de notre pays, une littérature qui soit surabondante de vie, parce que chez nous, le champ est vaste et plein de richesses encore inexploitées. Nous y parviendrons par un nationalisme plus intense dans l’enseignement, dans nos divertissements, dans notre vie sociale, dans les manifestations extérieures de notre pensée.

Dans l’enseignement :

Je cite un exemple entre plusieurs. Dans nos universités, quels sont les titulaires de la chaire de littérature ? Des Français. Je ne discute pas leur mérite personnel ni leur valeur, mais je me