Aller au contenu

Page:Paquin - Le nationalisme intellectuel, 1930.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

demande comment un homme étranger à notre vie nationale, qui n’a pas nos mœurs, qui nous connaît depuis peu et quelquefois nous ignore, puisse enseigner effectivement la littérature à nos universitaires, en adaptant son cours à la psychologie de ses élèves ! Comme l’écrivait Fournier, le même enseignement ne peut s’appliquer exactement, et avec les mêmes fruits en France et au Canada.

Est-ce que nous avons une pénurie si extrême d’hommes qu’il faille toujours chercher ce titulaire ailleurs ? Pourtant, il ne serait pas nécessaire de promener longtemps la lanterne de Diogène pour trouver parmi notre élite intellectuelle un homme qui pourrait se qualifier avantageusement. Chaque année on envoie quelques-uns de nos jeunes gens parfaire leurs études en Europe. Ce serait une excellente occasion d’utiliser les services de l’un d’eux et de faire profiter la collectivité de l’octroi de ces bourses. L’enseignement y gagnera, étant plus approprié à notre mentalité. Un professeur au cœur profondément canadien, mais à l’esprit orné et paré de la culture de France, pourra inculquer, en même temps que le secret des lettres, un sentiment plus grand de la fierté nationale et développer chez ses élèves un canadianisme de bon aloi.

Divertissements.

Avec la littérature, le cinéma et le théâtre sont les deux forces vives qui contribuent le plus à former et à déformer l’âme d’un peuple. L’art muet des dernières années et aujourd’hui le cinéma parlant exercent sur les couches sociales une influence telle qu’elle en arrive à modifier et leur sensibilité et leur manière de vivre.

Mal partagés au sujet de la production des films, puisque tout ou presque, tout nous vient des États-Unis, nous avons en plus abdiqué tout contrôle en la matière, en confiant à un Français la censure des vues animées. C’est un étranger qui doit discerner ce qui, dans une production cinématographique, peut blesser notre