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dresse devant lui la perspective peu encourageante de laisser dormir dans ses tiroirs l’œuvre enfantée dans un moment de fièvre cérébrale.

En terme de commerce il n’a pas de marché. Il lui faudrait ce qu’en politique on appelle le mur de la protection. La concurrence étrangère est tellement forte qu’elle l’étouffe.

Ouvrez nos journaux. Jetez un coup d’œil au rez-de-chaussée où se trouve le feuilleton.

Qu’y trouverez-vous ? Un roman canadien ?

Ce serait pourtant logique qu’un journal canadien publie des romans canadiens, comme les journaux français publient des romans français, les journaux américains, des romans américains.

Non ! vous y trouverez un roman étranger.

Il ne serait pas difficile de trouver parmi les livres parus des romans dont le mérite littéraire égale celui d’Henri Germain, de Pierre de Courcelle, de Ponson du Terrail et autres fournisseurs habituels de romans-feuilletons.

Pourquoi ce boycottage systématique de tout ce qui est nôtre, par les propriétaires de journaux ! S’ils le voulaient quelle aide merveilleuse ils apporteraient et cela sans entraîner de leur part de déboursés supplémentaires !

En ne donnant, à nos auteurs, comme rémunération que ce qu’ils paient à la Société des Gens de Lettres, ils seraient déjà cause d’un avancement de nos lettres par ce stimulant nouveau. De plus, ils habitueraient le lecteur à s’intéresser aux choses de chez nous, aidant ainsi à la création d’une mentalité canadienne.

De même en est-il pour les dessins et les caricatures. L’on voit « L’esprit français » ou bien les séries américaines de dessins comiques qui n’ont même pas le mérite de la nouveauté, puisque le lecteur