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Page:Paquin - Le nationalisme intellectuel, 1930.djvu/18

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les a déjà vus ou les verra dans les journaux anglais ou américains qu’il achète concurremment avec les journaux en français.

Et l’étranger qui parcourt ces feuilles se fait à l’opinion que notre indigence intellectuelle n’a nulle limite puisque nous ne pouvons alimenter les quelques journaux que nous possédons.

Les mêmes cas se produisent pour les revues. Pourtant, ce serait une excellente affaire pour un éditeur que de ne publier que de l’inédit. Le lecteur, en plus du mérite intrinsèque de l’écrit, goûterait la saveur de la nouveauté. Il se complairait aux faits et gestes de personnes qu’il peut rencontrer tous les jours, d’êtres qui vivent d’une vie qui lui est propre.

Nos compatriotes anglais l’ont bien compris. Leurs revues, plus nombreuses que les nôtres, et qui subissent la concurrence directe des magazines américains, ont un tirage beaucoup plus considérable que nos revues et comptent, même au sein de la population canadienne française un nombre plus grand de lecteurs.

La cause en est simple. En achetant l’un de ces magazines on est sûr de trouver de l’inédit et non pas la traduction d’articles ou la reproduction de nouvelles déjà lues au préalable.

Pendant ce temps, l’esclavage intellectuel pèse sur nous. Le plus tôt nous briserons les mailles de la chaîne qui assujettit notre pensée à des influences étrangères, le plus tôt notre littérature sortira du boisseau où elle étouffe pour se produire en pleine lumière.

* * *

Le commerce quotidien des Anglo-Saxons, l’éloignement de la France, des besoins nouveaux ont créé chez nous des mots qui sont d’usage courant, mais qu’on ne peut employer parce que l’Académie ne le permet pas.