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Page:Paquin - Le nationalisme intellectuel, 1930.djvu/20

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marche au grand scandale des puristes ; si nous ne donnons pas dans des sleeping c’est parce que nous avons des chars dortoirs, etc.

Ces mots qui sont à nous, nous y avons droit et il est puéril de demander à la France la permission de nous en servir.

En conclusion, je cite encore une fois Mgr Roy : « Il n’est pas opportun que notre langue se charge de tous les néologismes qui sont créés en France, et qui sont parfois de fabrication suspecte ; il sera toujours désirable qu’elle s’enrichisse de mots nouveaux créés ici, pourvu que ces mots soient de bonne venue, et qu’étant bien faits, ils désignent des choses de chez nous ».

* * *

Nos compatriotes anglais sont plus avancés que nous dans la voie du nationalisme. À l’idée de l’Empire ils tentent de plus en plus de substituer l’idée du Canada. D’aucuns parmi eux entrevoient la possibilité d’une rupture du lien britannique. Ils ont même à Montréal une publication qui s’appelle The Canadian Independance et qui autrefois s’appelait : The Canadian Republic.

Bien qu’ayant des attaches plus fortes avec l’Angleterre que nous n’en avons avec la France, ils s’efforcent de plus en plus de se séparer de la mère patrie, même intellectuellement. Dernièrement à une conférence prononcée au “Canadian Club”, M. Morley Callaghan, romancier canadien, prêchait une découverte nouvelle de l’Amérique. Nous avons tort, disait-il en substance, de donner à l’Europe la supériorité sur l’Amérique. Si nous savions mieux en voir les beautés, nous l’apprécierions davantage. Et il concluait par un appel en faveur du canadianisme.

Cet exemple de nos compatriotes anglo-saxons, cherchant en eux et autour d’eux les éléments de leur développement intellectuel, nous devrions le suivre.