Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/109

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fixés sur la boîte sombre où tant de jeunesse vigoureuse et saine ne serait plus dans quelques jours qu’une charogne putride ; et Jacques Bernier, appuyé au mur, regardait à la fois, la jeune fille et la tombe, souffrant doublement dans son amitié pour Joseph et son amour pour Mariette, parce qu’il savait sa souffrance.

Le prêtre entonna la messe des morts.

Des chantres improvisés répondirent, des amis du défunt pour la plupart.

Ils écorchaient le texte ; ils écorchaient la mesure, n’ayant personne pour les accompagner ni les guider. Mais les voix étaient belles et graves et le chant gardait, dans sa simplicité, un caractère émouvant.

L’office terminé, l’animation reprit.

Un seul devoir restait à accomplir : le dernier.

Quelques arpents seulement séparaient du cimetière dont Joseph Lambert devait être le premier occupant. Il voisinait l’emplacement de la future église.

Ce matin, on avait pelleté la neige et creusé la terre gelée. La fosse était prête : elle attendait.