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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/133

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ques Bernier se livrait à des réflexions que son état présent rendait plus amères.

C’était là sa récompense !

L’énergie déployée, la fatigue surmontée, les nuits consécutives d’insomnie, c’est à cela qu’elles se résumaient !

Les soucis et les misères du voyage macabre, la dépense inouïe de ses forces les plus vives dans l’accomplissement d’une mission d’amitié qu’il croyait sacrée ne lui avaient apporté comme consolation, avec la haine de ses concitoyens, que sa mise au ban de la société et le cortège des tortures morales que cette même société lui faisait souffrir en l’assimilant aux assassins les plus ignobles.

Et Mariette ?

Mariette, comme les autres, ne voyait en lui que le paria le plus infime.

Lâchement, bassement, Mariette manquait à ses serments ; Mariette l’abandonnait.

Pour avoir connu son identité, pour avoir su l’odieuse vérité de ses origines, elle reniait, répudiait le don d’elle-même promis un jour, le don de son cœur librement consenti.

Rageusement, il se mordait les poings.

Qu’importait ce que d’autres, avant lui avaient