Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

commis de forfaits ou de crimes, lui, il était pur, il était franc, il était fier, prêt toujours à se dévouer, à se dévouer tout entier, sans que l’idée l’effleurât d’un quelconque marchandage.

Mariette !…

Elle le dégoûtait à présent.

Et cependant, malgré l’aversion qu’elle lui inspirait, il la plaignait.

Sa frêle personnalité se dédoublait.

Il y avait deux Mariette : Mariette d’autrefois, Mariette d’aujourd’hui. Celle-ci avait tué celle-là. Pour cette raison, il lui en voulait ; il lui en voulait de tout le mal causé, et surtout d’avoir terni une mémoire sacrée qu’il aurait voulu pieusement conservée intacte et touchante dans un recoin profond de son âme.

Chaque fois qu’il s’était dévoué pour ses semblables, son dévouement avait abouti en catastrophe.

Pour avoir frémi d’indignation devant la conduite de ses petits camarades et s’être constitué le défenseur d’un pauvre opprimé impuissant à se défendre, il avait reçu, lancée vers lui comme un crachat, l’éclaboussure de l’ignominie.

Pour avoir obéi à une impulsion d’humanité se-