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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/174

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lettres

reusement qu’il est mort à son aurore car il aurait créé une révolution dans le journalisme.

Quoique libéral en politique, le Soir devait être d’une noble indépendance. Des articles de polémique flamboieraient chaque jour dans la première page. Les chroniqueurs les plus spirituels, les plus étincelants, les plus fantaisistes étaient attachés à la rédaction. Les collaborateurs suivraient d’un œil infatigable le mouvement des sciences et des lettres en Europe et en Amérique. Le paysan, rentré à son foyer, pourrait y apprendre l’art de planter les choux. Le fait divers devait revêtir un style nouveau et éclatant. On ne lirait plus les vieux clichés : « Un attentat inouï vient de plonger la paisible paroisse de St-Ferréol dans la consternation, » ou encore : « Un accident, qui aurait pu avoir les suites les plus graves, nous montre le danger de l’usage imprudent des armes à feu. » Les dépêches télégraphiques elles-mêmes devaient subir des modifications importantes. Enfin tout serait bouleversé, renversé, changé, retourné complètement, de ma