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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/204

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lettres

On vous fait dire des choses ridicules, les phrases font des sauts de carpe, la ponctuation est grotesque, c’est rempli de coquilles comme un monstre couvert d’écailles.

Et le prote qui l’apporta recule épouvanté.

Pensez-vous en vérité que c’est une sinécure de corriger tout ça ?

Mais ce n’est pas tout. Il faut lire les journaux où on vous traite d’idiot. Il faut prendre connaissance de cette lettre où un monsieur se fâche tout rouge parce qu’on n’a pas mentionné son nom à telle bénédiction de cloches. Et cet autre qui vous prie de faire quelque chose sur ses noces d’argent.

Voici un jeune homme qui s’exerce dans la littérature funéraire et demande l’insertion de la nécrologie d’une demoiselle que « la mort a moissonnée dans sa fleur » mais il faut se consoler « car elle était mûre pour le ciel. » Une fleur mûre ! de suite vous avez l’idée d’une vieille fille, et ça vous coupe l’enthousiasme et l’appétit.

Il faut lire tout ça cependant, élaguer, corriger, tâcher de ne blesser personne.