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CHRONIQUE


C e n’est pas nécessaire d’aller crier cela sur les toits, mais je crois que je vieillis. La vie, autrefois, comme une eau transparente, se colorait d’un nuage qui passait, ou d’un souffle d’air ; maintenant, elle coule uniforme et lourde, réfléchissant dans son terne miroir toujours les mêmes paysages.

Les vers de Musset n’ont plus d’écho dans mon âme, et le roman n’a plus le même charme. La réalité de la vie a déchiré le voile idéal à travers lequel les romanciers me faisaient voir les choses.

Je vois maintenant un jeune homme pauvre refuser par délicatesse la main d’une belle héritière au cou de cygne et aux joues veloutées, sans que cela humecte ma paupière.

Vous-même, madame, l’éclair de vos grands