Aller au contenu

Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

22
lettres

tages de l’hiver, on en ferait de gros livres. On en fait à moins, hélas !

Un mot encore. Certes, les paysages d’été et d’automne sont ravissants ; mais qui n’a pas admiré ces jolies scènes d’hiver que Kreigoff a souvent saisies sur le vif dans ses petits croquis pleins d’éclat et de brio.

C’est le matin : un étroit ruban d’un or pâle colore l’horizon et éclaire à peine. D’un côté, un groupe de cabanes tapies dans la neige et se dessinant sur le fond vert d’un bouquet de sapins légèrement poudrés de blanc, de l’autre une plaine nue et blanche, tachetée de gros arbres dont les branches noires se profilent sur le ciel gris ; au centre, un traîneau lourdement chargé, tiré péniblement par un vieux cheval, dont les naseaux fument, dont les sabots s’enfoncent dans la neige et qui, secouant énergiquement sa tête courbée sous le collier, semble dire : « Nous n’arriverons jamais, jamais, jamais. »

Toutefois, il faut l’avouer, l’hiver a des côtés bien tristes et bien douloureux ; il semble se couvrir le visage d’un de ces masques antiques