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trouvait, au second volume, la révélation du manuscrit d’Oxford et quelques citations assez incorrectes du poëme de Roncevaux.

Trois années plus tard, M. Michel donna l’édition princeps, qu’il intitula : « La Chanson de Roland ou de Roncevaux, du douzième siècle, publiée pour la première fois d’après le manuscrit de la Bibliothèque Bodléienne à Oxford, par Francisque Michel. Paris, Silvestre, 1837 ; in-8o  de lix pages de préface et 319 pages de texte et commentaires.

L’éditeur en avait reconnu le texte deux années auparavant dans la bibliothèque Bodléienne, et son expérience lui avait fait aisément juger, comme il le dit dans un excellent rapport adressé à M. Guizot, ministre de l’Instruction publique, que c’était la plus ancienne leçon d’un poëme dont nous ne possédions en France que des remaniements. Les difficultés de lecture, pour grandes qu’elles fussent, ne pouvaient arrêter un aussi bon linguiste. Il avait donc transcrit le volume, et son premier soin en rentrant en France avait été de demander qu’une aussi précieuse relique fût, sinon confiée aux presses de l’Imprimerie royale, au moins publiée sous les auspices du gouvernement français. Peut-être s’y prit-il gauchement, en simple homme de lettres qu’il était : on lui répondit par un refus. Alors il fit imprimer la Chanson de Roland à ses frais, au nombre restreint de deux cents exemplaires. Pour l’élégance et la netteté des caractères, nous devons dire que cette première édition ne le cède en rien à la dernière, digne pourtant, sous ce rapport, de l’Imprimerie nationale, et qu’elle lui est de beaucoup supérieure pour la correction du texte et des commentaires.

La publication de M. Michel vint surprendre péniblement M. Bourdillon ; car il ne reconnaissait ni l’antériorité, ni le mérite du manuscrit d’Oxford. À son tour il publia le texte qu’il avait disposé, et d’abord la traduction : « Le Poëme de Roncevaux, traduit du roman en français, par J. L. Bourdillon. Dijon, imprimerie de Frantin, 1840 (245 pages, dont 108 d’introduction) ; puis le texte : Roncisvals, mis en lumière par J. L. Bourdillon. Paris, Treuttel et Würtz, 1841 (206 pages).

Les mauvaises dispositions de ce deuxième éditeur à l’égard du premier portaient en quelque sorte leur excuse avec elles. M. Francisque Michel, partisan inébranlable de la reproduction exacte des manuscrits, n’avait rien voulu changer à la lettre de celui d’Oxford ; et la crainte de travestir étant chez lui plus