Page:Paris, Paulin - Lettre au traducteur de Fiéramosca sur les romans du Moyen-âge.djvu/5

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ral, plus vraisemblable que l’histoire ; car il peut donner à tous les faits qu’il choisit l’explication qui s’offre la plus naturelle à notre imagination.

L’emploi du merveilleux, si fréquent dans les compositions romanesques, ne contredit pas cette observation. Le merveilleux est pour l’homme un moyen d’expliquer ce qui est inexplicable, c’est à dire toutes les grandes questions de l’humanité. Le merveilleux satisfait de prime saut notre cœur ; c’est à lui que tous les hommes, sages et fous, ignorans et philosophes, sont obligés d’avoir recours. Le merveilleux se lie à toutes nos peurs, à toutes nos espérances. Il préside à notre existence, à notre mort et à nos ondoyantes destinées. Ce mot destinée est merveilleux lui-même ; et, dans chacun de nos sentimens intimes, dans la musique, dans le plaisir, dans le bonheur, dans l’amour, n’y a-t-il pas encore du merveilleux ? Voilà donc pourquoi nous en retrouvons tant dans les romans, et pourquoi les romans les plus merveilleux sont ordinairement, à l’œil de l’imagination, les plus vraisemblables.

Non seulement nous croyons sans effort aux