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éditions anciennes de Lyon, 1574, et de Rouen, 1578. Mais nous pensons avec lui qu’il a dû exister d’autres éditions antérieures et postérieures.

Du règne de Henri II, nous passons à celui de Henri IV avec le Discours ioyeux en façon de sermon, faict avec notable industrie par deffunct maistre Iean Pinard lors qu’il viuoit trottier semiprebendé en l’Eglise de S. Estienne d’Aucerre, sur les climats et finages des vignes dudict lieu. Plus, y est adiousté de nouveau, le Monologue du bon vigneron, sortant de sa vigne et retournant le soir en sa maison. Aucerre, Pierre Vatard, 1807. Un exemplaire de ce rare opuscule appartient aujourd’hui à la belle collection de M. Jérôme Pichon, qui l’a très-gracieusement confié au nouvel éditeur de la première pièce, le Sermon de Jean Pinard. Nous avons peu de chose à en dire. Son mérite est de signaler le nom de tous les finages (lieux-dits, suivant la formule notariale) du vignoble d’Auxerre. Les femmes, dans l’opinion du rimeur, ne valent pas le diable ; il faut donc les conduire à la Roüe, à Mont-embrasé, à la Barre, à Heurte-Bise, à la Coste aux Loups, etc. Ceux qui les écoutent doivent aller à Pain-Perdu, aux Nourrices, à la Migraine, à Bequilly, à Vaux-profonde, etc. Cela peut amuser les bonnes gens d’Auxerre ; mais, pour nous autres, ignorants de tous leurs finages, cette œuvre de Jean Pinard nous semble assez maussade.

Il n’en est pas de même du Monologue du bon vigneron, véritable trésor qui va nous apprendre les mœurs et la vie des paysans de l’Auxerrois, au commencement du 17e siècle. L’auteur se nommait Louis de Charmoy, d’après les recherches de l’abbé Lebeuf, qui, tout en parlant du Monologue, n’osait assurer qu’il eût été jamais imprimé. Pour moi, j’ai de la peine à comprendre qu’un opuscule aussi curieux n’ait pas eu vingt éditions plutôt qu’une seule. Louis de Charmoy est un vigneron assez à son aise et vivant du produit des vignes qu’il cultivait lui-même. Il raconte les divers travaux, les peines et les plaisirs, les avantages et les inconvénients de la profession. En franc villageois, il daube volontiers sur les messieurs ; en plaideur malheureux, sur les juges ; en contribuable sur les gens du toi ; mais, à tout prendre, c’est un bon citoyen, dont les plaintes ne portent que sur des abus réels. Pourtant, je ne serais pas surpris que Louis