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LE SAINT-GRAAL.

la direction de Jérusalem, et pria longuement. Comme il se relevait, il vit revenir à lui la nef et le bel homme qui l’avait une première fois visité.

Celui-ci lui reprocha ses doutes et la complaisance avec laquelle il s’était laissé prendre à la beauté d’une femme. Il devait s’en rapporter, non pas à ses yeux, mais au cri de son cœur. Le cœur seul devait être interrogé, car les yeux sont la vue du corps, et le cœur seul est la vue de l’âme. « Cette femme qui t’a semblé si belle et si richement vêtue l’était cent fois davantage quand elle avait entrée dans ma maison ; elle y avait tout à souhait, rien ne lui était refusé : je l’ai réellement beaucoup aimée ; mais elle espéra devenir plus grande et plus puissante que moi-même. Son orgueil la perdit, je la chassai de ma cour, et depuis ce temps elle cherche à se venger sur tous ceux auxquels j’accorde mes grâces particulières ; tous les moyens lui sont bons pour les rendre aussi coupables et aussi malheureux qu’elle-même. »

Après le départ du Saint-Esprit, car c’était Dieu lui-même, la belle femme revint, ou plutôt le démon qui avait pris cette forme. Elle sut encore ébranler un instant la foi de Mordrain en lui annonçant mensongèrement la mort de Seraphe et de Saracinthe, en lui découvrant