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JOSEPH À SARRAS.

amis, le duc Seraphe, votre serourge. Il est là, mort, dans cette nef. » En même temps il lui tendit la main, le fît entrer dans la nef, lui montra la bière qui semblait recouvrir le corps de Nascien, puis leva le drap qui le cachait et Mordrain reconnut la figure de son beau-frère. Il tomba sans connaissance : quand il revint à lui, la Roche du Port périlleux était à si grande distance qu’à peine pouvait-il encore la distinguer comme un point dans l’espace. Heureusement la douleur ne l’empêcha pas de faire le signe de la croix, et soudain disparurent les hommes et les femmes qu’il avait vus, la bière même et ce qu’elle contenait. Il demeura seul dans la nef, regrettant l’illusion qui l’avait fait contrevenir aux ordres de Dieu en quittant la Roche du Port périlleux.

Alors apparut le bel homme qui l’avait si souvent réconforté de bonnes paroles : « Essuie tes larmes, » lui dit-il, « mais prépare-toi à de nouvelles épreuves. D’abord tu ne mangeras pas avant d’être réuni à Nascien, et ta délivrance suivra de près son arrivée. C’est l’esprit de mensonge qui t’annonçait sa mort ; c’est le démon qui, sous la forme d’une belle femme, puis sous celle d’un chevalier, était enfin parvenu à te pousser dans cette nef : le signe de la croix dont tu as su t’armer fit disparaître les mauvais esprits.