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LE SAINT-GRAAL.

cœur plus à l’aise ? — Ce moyen, demoiselle, est à votre disposition. — Parlez, et vous me verrez prête à le saisir.

« — Je vous dirai donc que le bruit de la prouesse de ce chevalier d’Irlande m’a mis en grande pensée : et quand j’ai appris que le roi Orcan avait fait crier un ban pour inviter ses barons à le combattre, je me suis dit que si tel ban avait été crié dans la terre où je suis né, je n’aurais pas manqué, pour un royaume, de revêtir mes armes et d’aller m’éprouver contre lui. C’est pour ne pouvoir le faire aujourd’hui que vous me voyez si triste et si dolent. »

Alors la fille d’Orcan pensa que si ce chevalier n’était pas de grande prouesse, il ne parlerait pas ainsi : « Consolez-vous donc, Pierre, » lui dit-elle, « vous ne manquerez pas la joute pour défaut d’armes ou de cheval. C’est moi qui vous les fournirai ; mais je tremble en pensant que vous allez courir un grand danger, en vous mesurant contre celui qui n’a pas jusqu’à présent trouvé de vainqueur. »

Elle ne perdit pas un moment pour lui faire apporter de bonnes armes et pour s’assurer d’un cheval. Puis elle conduisit Pierre par la main du préau dans le jardin, en lui indiquant la route à suivre jusqu’au Rond-Pin. Pierre passa le reste de la nuit dans la forêt