il se dirigeait vers un beau manoir construit à l’entrée de la forêt de Briosque, alors merveilleusement peuplée de cerfs et de biches, de daims et de porcs sauvages.
Avant de commencer le récit des amours de notre prophète, je dois entrer dans quelques explications qu’on me pardonnera, je l’espère.
Les Gallois croyaient que Merlin habitait ordinairement la forêt de Bredigan, dans le Northumberland, sur les frontières d’Écosse. C’est là qu’il avait prophétisé ; il en sortait rarement, et sous divers déguisements, afin d’échapper à la curiosité importune. De là plusieurs traditions reproduites dans le poëme de Vita Merlini ; il y est représenté comme ayant perdu la raison et comme entraîné par une passion invincible pour les forêts et pour les animaux sauvages avec lesquels il s’est mis en communication.
Quant aux Bas-Bretons, ils croyaient que Merlin était enfermé dans leur forêt de Brocéliande, située entre Loheac, dans l’évêché de Saint-Malo, et Carhaix, dans celui de Quimper, en Cornouaille. C’est dans cette vaste forêt, dont il reste encore des rameaux assez étendus, que Viviane l’avait retenu, et pourrait bien le retenir encore aujourd’hui dans un cercle magique qu’il n’est pas permis aux profanes