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MERLIN À ROME.

se présenta à la cour de l’empereur. Elle avait, pour éviter les dangers inséparables d’un long voyage, pris les vêtements d’homme ; puis, trouvant le déguisement commode, elle s’était décidée à le conserver. Comme simple écuyer, elle vint demander service à l’empereur ; sa taille haute et son pied ferme, ses gestes et ses paroles, tout concourut à la faire paraître ce qu’elle désirait, bien qu’elle évitât avec grand soin toute inconvenance de regard et de langage. Grisandole, c’était le nom qu’elle avait pris au lieu de celui d’Avenable, ne fut pas longtemps sans gagner la confiance de l’empereur : elle plut même à tout le monde, et son crédit fut assez solidement établi sur le prince et sur les officiers du palais, pour qu’à la Saint-Jean, époque où l’on faisait les nouveaux chevaliers, elle fût du nombre de ceux que l’on adouba. Dans la quintaine dressée à cette occasion au milieu du Prénoiron[1], Grisandole emporta le prix des bien-faisants. Alors l’empereur le nomma sénéchal de Romanie, et le choix, chose admirable, fut approuvé de tout le monde, tant Grisandole avait su plaire à tous.

Or, une nuit que l’empereur reposait auprès de sa femme, il eut un songe qui le remplit d’inquiétude. Il crut voir devant les portes du

  1. Les Prata Neronis.