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LA DEMOISELLE AU NAIN.

la barbe noire tombant jusque sur la poitrine, les cheveux hérissés, les yeux enfoncés dans la tête, les épaules hautes et rondes, une bosse devant, une autre derrière ; la main grosse et les doigts courts, les jambes tortues, l’échine longue et pointue. Pour la pucelle, elle était jeune et belle, et l’on ne pouvait se lasser de la regarder. Elle sauta légèrement, descendit son nain sous le pin qui se trouvait au milieu de la cour et attacha sa mule au tronc : puis, prenant le nain par la main droite, elle monta dans la salle où se tenait le roi assis à table, et salua de la meilleure grâce du monde. Le roi lui ayant rendu son salut, elle parla ainsi :

« Sire roi, je viens vers vous de très-loin sur la renommée qui court de vous par le monde ; c’est pour vous demander un don car on a répandu le bruit que vous ne refusiez jamais la demoiselle qui vous adressait requête. Veuillez bien prendre garde à ne me rien promettre que vous ne soyez prêt à tenir en toute rigueur.

« Demoiselle, » répondit Artus, « demandez ce que vous voudrez ; s’il dépend de moi sans aller contre l’honneur de mon royaume, je vous l’accorderai. — Le don que je souhaite ne peut que tourner à l’honneur de vous et du pays. — Parlez donc, » reprit le roi, « vous ne serez pas éconduite.