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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/343

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LE ROI ARTUS.

— « Sire, je suis venue pour vous prier d’armer chevalier mon ami, que je tiens par la main ; il est digne d’un tel honneur par sa prouesse, sa hardiesse et son gentil lignage. Il n’eût tenu qu’à lui d’être adoubé de la main du roi Pelles de Listenois, dont la prud’homie est assez connue ; mais il a fait serment de ne recevoir ses armes que de vous, et je viens vous prier de le contenter. »

Alors, il n’y eut personne dans la salle qui put se défendre de rire et Keu le sénéchal dont l’habitude était de railler et gaber les gens dit : « Demoiselle, tenez-le de court, qu’il ne vous échappe et que l’une des dames qui entourent madame la reine ne vous l’enlève, à cause de sa grande beauté. — Sire, » répondit la demoiselle, « je suis rassurée sur ce point par la prud’homie du roi, qui ne souffrirait pas que personne m’en fît tort. — Assurément, demoiselle, » dit Artus. — « Faites donc, sire roi, ce que je vous ai demandé. — Volontiers. »

Alors entrèrent dans la cour du palais deux écuyers montés sur roncins forts et élancés. L’un portait suspendu à son cou, par une guiche d’or battu, un écu au champ noir à trois léopards d’or couronnés d’azur. L’épée était attachée à l’arçon de la selle. L’autre menait en laisse un petit destrier bien taillé, dont le frein était d’or et les rênes de soie. Ils chassaient en