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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/348

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MESSAGE DE LUCIUS.

pour avoir osé te soustraire à cette loi que Rome te somme aujourd’hui de faire droit, et de comparaître devant nous au prochain jour de la Nativité. Si tu ne tiens pas compte de notre bon plaisir, je t’enlèverai la Bretagne et toutes les terres que tu possèdes ; l’été prochain, je passerai les monts avec une armée que tu chercheras à éviter, mais qui saura bien te trouver et te conduire à Rome, pieds et poings liés. »

La lecture de ces lettres produisit un grand mouvement dans la salle ; les messagers auraient eu peine à défendre leur vie, si le roi n’eut modéré l’irritation commune, en rappelant les égards dus aux messagers qui ne font que leur devoir en transmettant les paroles et les écrits de ceux qui les envoient. Puis il invita les princes et barons à passer dans une autre chambre pour y tenir conseil et décider ce qu’il fallait répondre aux messagers. Un preux chevalier, nommé Cador[1], dit que le moment était venu d’employer mieux le temps qu’ils ne faisaient, et de ne plus passer les journées à rire, folâtrer avec les dames. « Ces messagers de Rome vont, grâce à Dieu, réveiller le cœur des Bretons. — Cador, » repartit Gauvain, « la paix est la paix,

  1. Geoffroy de Monmouth en avait fait un duc de Cornouaille.