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LE ROI ARTUS.

la guerre est la guerre. Les ébats sont bons dans l’attente des combats ; les jeux, les plaisirs, les entretiens avec les dames et demoiselles, encouragent les chevaliers à montrer hardement et prouesse. »

Artus, ayant fait asseoir tous ses conseillers, parla ainsi :

« Amis et compagnons de ma bonne et de ma mauvaise fortune, qui m’avez suivis dans maintes guerres et m’avez si bien aidé à chasser de nos terres les étrangers, vous venez d’entendre ce que les Romains nous mandent ; vous n’en avez pas été moins indignés que moi. Ils veulent avoir le tribut de Bretagne et des îles qui dépendent de ma couronne ; ils disent que César les conquit par force et qu’il n’y trouva pas de résistance. La force n’est pas le droit ; ce que la violence ravit, la justice le doit reprendre. Ils nous rappellent les hontes et les maux qu’ils nous ont causés ; autant de raisons pour nous de les haïr et de leur rendre les maux qu’ils nous ont faits. Ils ont imposé tribut à nos pères, nous leur demanderons tribut à notre tour. Nous avons assurément autant de motifs de réclamer Rome qu’ils en ont de réclamer Bretagne. Belinus, roi des Bretons, et son frère Brennus ont jadis conquis Rome, et bien plus, à la vue de leurs alliés, ils ont mis aux fourches qua-