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MERLIN.

premier fut Gauvain, le second Agravain, le troisième Guerres et le quatrième Gaheriet.

La seconde fille du duc de Tintagel était bâtarde, et, par conséquent, n’avait avec Artus aucun lien de parenté ; elle se nommait Morgain. Cédant aux conseils des amis de son père, le roi Uter-Pendragon lui fit apprendre les lettres en maison de religion. « Et tant en aprist et si bien, que ele sot des ars et sot à merveilles d’un art que l’on appelle astronomie, et moult en ouvra tous jours, et sot moult de fisique ; et pour cele maistrie de clergie fu ele apelée Morgain la fée. » D’après la promesse du roi, consacrée par un serment, Merlin devait avoir la disposition de l’enfant conçu dans le sein d’Ygierne. L’enfant lui fut en effet confié aussitôt sa naissance. La reine le vit à peine ; on se hâta de l’envelopper de langes, et on le remit aux mains de Merlin, qui, sous les traits d’un vieillard, l’attendait aux portes du palais. Il le conduisit chez un preux et honnête chevalier nommé Antor, prévenu d’avance et qui avait décidé sa femme, nouvellement délivrée, à donner une nourrice étrangère à son propre fils pour réserver son lait au jeune enfant dont elle et son mari ignoraient la famille. Le premier soin d’Antor fut de baptiser l’enfant qu’on leur confiait, et de lui donner, d’après l’avis de Merlin, le nom d’Artus. Quant