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le beau valet.

l’épieu éclate dans la main du grand chevalier, qui sent en même temps celui du Beau valet pénétrer rudement dans ses côtes et le jeter hors des arçons. — « Verrai-je maintenant la demoiselle ? dit le valet. — Oui, et que maudite soit l’heure où je la pris en garde ! » Le pavillon s’ouvre, la demoiselle en sort et vient tendre la main au vainqueur qui, la présentant à son compagnon : « Vous voilà, lui dit-il, maître de ces deux belles demoiselles. — Non ; elles méritent mieux que moi : vous les avez seul conquises, elles sont à vous seul. — Vous oubliez nos conventions. — Eh bien ! que souhaitez-vous que je fasse d’elles ? — Vous les conduirez à la cour du roi Artus, et vous les présenterez à madame la reine, de la part du valet parti pour secourir la dame de Nohan. Puis vous la prierez de m’envoyer une épée, pour me donner le droit d’être appelé chevalier. »

Grande fut la surprise de l’inconnu, en apprenant que le vainqueur des deux chevaliers du pavillon et du lac était si nouvellement adoubé. — « Où vous retrouverai-je, pour vous rendre compte de mon message ? — À Nohan. »

Arrivé à la cour, l’inconnu apprit à la reine tout ce qu’il avait vu faire au Beau valet. Madame Genièvre en ressentit grande joie et s’enquit aussitôt d’une excellente épée qu’elle enferma dans un riche fourreau, et qu’elle garnit