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la douloureuse garde.

brisa le sien à la première rencontre, non sans avoir traversé l’écu et démaillé le haubert du Blanc chevalier. Celui-ci demeure cependant ferme sur les arçons : d’un coup de taille, il tranche heaume et ventaille, fend la joue et s’arrête au nœud de l’épaule. Étourdi d’une aussi rude accolade, le cinquième s’évanouit et tombe baigné dans son sang. Mais le jour s’en va, la nuit arrive, le cor se tait, le guichet ne s’ouvre plus, et la demoiselle qui lui avait déjà parlé reparaissant devant lui : « Chevalier, dit-elle, vous en avez fini pour aujourd’hui ; mais demain il faudra recommencer. Venez au gîte où je vais vous conduire. » Il la suivit avec ses prisonniers jusqu’au bourg du château : ils entrèrent dans un bel hôtel où la demoiselle voulut elle-même le désarmer. Dans la chambre étaient suspendus trois écus recouverts de leur housse ; la demoiselle les découvrit ils étaient chargés, le premier d’une bande, le second de deux, le troisième de trois bandes vermeilles de belic[1]. Pendant qu’il les regardait avec curiosité, la demoiselle écartait son manteau, baissait sa guimpe et laissait voir

  1. Bélic ne se trouve que dans les romans de la Table ronde. Cotgrave et le Dictionnaire de Trévoux l’interprètent rouge, mais nous verrons souvent ici des bandes de belic blanches ou d’azur. Ce mot répond au latin obliquus, et distingue les bandes transversales des horizontales, plus tard nommées fasces.