Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
le puy de malehaut.

Notre chevalier eut beau le conjurer de se dédire, il fut contraint de se mesurer avec lui et de lui arracher la vie, pour échapper au parjure. Cette rencontre devait lui coûter cher. Comme en suivant la chaussée il approchait d’une ville appelée le Puy de Malehaut, il fut devancé par deux écuyers qui portaient, l’un le heaume, l’autre l’écu de celui qu’il venait d’immoler. Dès qu’il eut franchi lui-même les portes de Malehaut, elles se refermèrent sur lui ; il entendit de grands cris confus, et bientôt il se vit entouré d’une foule furieuse de chevaliers, écuyers et sergents qui se ruèrent à l’envi sur lui et commencèrent par tuer son cheval. Il se dégagea vivement et tint longtemps en respect plus de quarante glaives tendus vers lui ; enfin, il gagna les degrés d’une maison forte[1] voisine, et continua une défense désespérée. Accablé de lassitude, il venait de tomber à genoux, quand la dame de la maison descendant jusqu’à lui offrit de le recevoir prisonnier : « Qu’ai-je fait, dame, pour mériter d’être pris ? Vous avez tué le fils de mon sénéchal et vous n’échapperez pas autrement à la vengeance de ses parents et de ses amis. » Il tendit son épée à la dame ; la multitude s’arrêta, et il se laissa conduire dans une

  1. On disait maison fort. De là le nom propre si commun de la Maisonfort.