Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
premier rendz-vous.

pensées. — Oh ! l’on ne me trompe pas ainsi. J’ai surpris vos yeux, et j’ai vu par d’autres indices que, si votre corps est près de moi, votre cœur est près d’elle. » Elle parlait ainsi pour le mettre à malaise, car elle ne doutait déjà plus de son amour pour elle. Mais l’épreuve était trop forte, et il en ressentit telle angoisse qu’il pensa se trouver mal : la crainte d’être remarqué par les dames le retint ; cependant la reine, qui le vit pâlir, chanceler et incliner la tête en avant, posa vite la main sur son capuchon, pour l’empêcher de tomber. En même temps. elle appela Galehaut qui accourut, et quand il voit la mine piteuse de son compain : « Pour Dieu ! ma dame, dit-il, qu’a-t-il donc eu ? — Je ne sais : je lui ai seulement demandé laquelle de ces dames il aimait. — Merci, dame ! avec de telles paroles, vous pourriez bien me l’enlever, et tout le monde y perdrait. — J’y perdrais autant que personne ; mais enfin, Galehaut, savez-vous pour qui il a fait tant d’armes ? — Non, dame. — Croiriez-vous qu’il assure les avoir faites pour moi ? — S’il vous l’a dit, vous devez le croire, car personne ne l’égale en prouesse et personne ne le surpasse en sincérité. — Ah ! Galehaut, si vous connaissiez tout ce qu’il a fait depuis qu’il fut armé chevalier, vous auriez encore plus raison de le dire prud’homme ! Il a vengé en maintes rencontres le chevalier na-