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lancelot du lac.

vré ; il a sauvé la dame de Nohan ; il a terrassé deux géants ; il a pris la Douloureuse garde ; il a été le mieux faisant des deux assemblées. Tout cela, dit-il, pour un seul mot, pour le nom de beau doux ami que je lui donnai à son départ de la cour !

« — Dame, dit Galehaut, j’ai fait pour vous ce que vous avez demandé ; c’est à vous maintenant de lui accorder la merci qu’il demande. — Quelle merci voulez-vous que j’en aie ? – Dame, vous savez qu’il vous aime plus que tout au monde et qu’il a fait pour vous plus que ne fit aucun chevalier. Sans lui, jamais il n’aurait été parlé de paix avec monseigneur le roi. — Oui, répond la reine ; je le sais, et n’eût-il amené que cette paix, encore aurait-il plus fait que je ne pouvais mériter, car il a sauvé l’honneur de monseigneur le roi : il ne peut donc rien demander que j’aie honnêtement le droit de refuser. Mais, Galehaut, il ne demande rien : au lieu de cela, il ne cesse de pleurer, depuis qu’il a jeté les yeux sur ces autres dames : peut-être a-t-il peur d’avoir été reconnu. — Je ne sais rien, dit Galehaut, de ses secrets, mais il craint beaucoup d’être découvert. Ne vous arrêtez pas à cela, ma dame ; ayez seulement merci de qui vous aime cent fois plus que lui-même. — J’en aurai la merci que vous souhaiterez, car